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Les mots d'hugo

Le puit

30 Novembre 2022 Publié dans #nouvelles

                A cet instant de ma vie, une partie de ma personnalité dérape. Je tente d’endiguer une vague de folie qui, parfois, brusquement me submerge. J’ai perdu la notion de vérité, de réalité. Ses mots sont morts à mon oreille, disparus à tout jamais avec une part de rêve. Mais ce fragment de rêve dont ils se sont emparés a fait un trou au fond de mes entrailles. Alors les feux de l’enfer s’y sont allumés m’offrant la douleur et la peine. Sous les effets de cet étrange triptyque, une explosion émotionnelle m’a dévasté. Et je me suis retrouver forgeron de l’enfer.

                Je voyais ma vie s’écrouler entre mes doigts incapables de la retenir. Son sens, son devenir m’échappait. Pour l’instant j’étais dans un puit de la vie et je tombais à vive allure, la tête prise dans un vertige.

              Cette interminable chute mettait mes nerfs à rude épreuve. La tension m’envahissait, se saisissait de mes épaules. Puis s’étirait sur mon dos pour mieux me nouer la nuque. Mes tripes se tordaient sous la douleur, le cœur au bord des lèvres. Et tout cela m’enivrait, me perdait. Lentement, mais sûrement, je sombrais. Je me perdais moi-même aux frontières de l’ailleurs.

Je lâchais les rênes de mon existence les confiant à la providence. Je n’étais plus maître de rien, parvenant difficilement à me maîtriser moi-même, tout comme j’étais incapable de résister à ce refrain entêtant et sauvage qui s’emparait de tout mon être. Je soutenais le bon rythme pour forger un enfer.

C’est à cet instant précis que tout a basculé. Je n’ai rien vu venir, puis je me suis éteint. J’étais figé, transformé en statue, hors de tout. Je m’enfermais dans la folie. Quittait un monde qui ne me convenait pas, incapable de faire autrement sur le moment. Alors, ne pouvant aller ailleurs, je me murais en moi-même.

Combien de temps suis-je resté ainsi ; trois, quatre heures tout au plus. Puis, le retour, brutal, où tout redevient palpable, tangible. La folie s’évapore doucement, se mue en paix. Du moins en quelque chose qui lui ressemble. Quand on s’est perdu dans le chaos de son individualité tout espace différencié devient un lieu de paix. Un havre, une oasis. Une escale sur le chemin.

Cependant cela ne dure pas. Le forgeron se remet au travail, son enfer n’est pas fini. Avec colère et froideur, il scande sur son enclume une mélodie guerrière qui traverse le temps pour venir au présent. Elle est unique, faite sur mesure et, sait déjà que son pouvoir aura raison de mon savoir.

Un instant je résiste essayant d’échapper

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